BEILLE Antoine, Henri, Césaire, Paul. Pseudonyme dans la résistance : commandant Nassin.
Né
le 30 août 1917 à Nissan (Hérault) ; professeur d’espagnol ; militant
communiste ; membre du comité fédéral communiste de l’Hérault à partir
de 1956 ; élu municipal communiste à Sète de 1952 à 1983 ; membre
fondateur en 1949 du Mouvement de la paix à Sète et membre du conseil
national de ce Mouvement ; membre fondateur de l’association
France-Cuba en 1962.
Fils d’un petit viticulteur, Ernest Beille (1898-1951) qui fut l’un des fondateurs de la cave coopérative de Nissan, Antoine Beille put faire des études supérieures à Montpellier grâce à des concours familiaux. Après une licence et un DES en Espagnol, il préparait l’agrégation quand intervint la mobilisation de septembre 1939. Incorporé conformément à son choix dans le 21e régiment de marche des volontaires étrangers il fut grièvement blessé en mai 1940 dans les Ardennes. Il ne quitta l’hôpital militaire de Cahors qu’en juin 1941. Revenu à Montpellier, il se maria le 6 juillet 1941 avec Germaine Albert, étudiante en pharmacie, fille de viticulteurs aisés de Nissan. L’éveil au militantisme d’Antoine Beille a procédé de trois facteurs : antifascisme, résistance, pacifisme. Pendant la guerre d’Espagne, il fut impliqué avec sa famille dans l’aide aux républicains espagnols. Son père était secrétaire de la section SFIO de Nissan. Lui-même confirma cet engagement après la Seconde Guerre mondiale en participant à des actions de solidarité en faveur des anti-franquistes. Il devint membre correspondant de l’Union des combattants de la guerre d’Espagne. En novembre 1979, il assista au Congrès national de l’ARAC (Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre) qui se tint à Montpellier avec la participation d’une délégation espagnole de la UNEX (Union de excombatientes de la Guerra de Espana) et il fut ensuite à deux reprises, en février 1981 et en décembre 1982, le délégué de l’ARAC à la conférence internationale de Madrid pour la sécurité et la paix en Europe. Le second vecteur fut la résistance : dès 1941, il adressa des amis juifs à ses parents, et son village de Nissan accueillit au total une trentaine de juifs auxquels furent fournis de faux papiers. Antoine Beille, ses parents et son épouse, ont reçu la Médaille des Justes décernée par Israël. D’abord intégré dans l’AS (Armée secrète) en 1941 sur la sollicitation de son colonel qui était responsable AS en Languedoc-Roussillon, il rejoignit en octobre 1942 le Front national à Saint-Pons (Hérault) où il venait d’obtenir son premier poste de professeur d’espagnol. Il s’agissait d’aider le maquis FTPF « Jean Grandel », essentiellement composé de communistes sétois. Antoine Beille devint le responsable militaire du réseau allant de Nissan à La Salvetat. Son pseudonyme dans la clandestinité était Nassin, anagramme de Nissan. Il prit contact dans la clandestinité avec la cellule communiste de Nissan. Président du comité local de Libération de Nissan à la Libération, il soutint en accord avec son père Ernest Beille l’option de la liste unique aux élections municipales d’avril 1945. Il refusa de prendre la tête de la liste socialiste quand la section SFIO choisit de présenter une liste séparée. En 1945, son évolution politique fut alimentée par les contacts pris avec Jean Zyrowski qui, après avoir représenté l’extrême gauche du Parti socialiste, décida d’adhérer au Parti communiste. En 1946, Antoine Beille y adhéra lui aussi. Son père avait partagé ses vues sur la nécessité de l’union des composantes de la gauche. Déçu, mais fidèle à ses convictions, il ne reprit pas sa carte du Parti socialiste, mais il ne suivit pas son fils au Parti communiste. Le troisième vecteur fut le pacifisme : il fut l’un des fondateurs du Mouvement de la Paix à Nîmes et à Sète Il resta président du conseil communal de la paix de Sète pendant quarante cinq ans et membre du conseil national du Mouvement de la Paix. Après la guerre, il obtint le CAPES en Espagnol en 1947. Il fut professeur à Nîmes au Lycée Daudet de 1947 à 1949, puis à Sète, où il fut nommé en 1949, au Lycée Paul Valéry. Militant communiste, il exerça en même temps une activité syndicale d’abord à la CGT, puis au SNES à partir de 1950. En 1956, il devint membre du comité fédéral communiste de l’Hérault et conseiller municipal à Sète. Élu municipal jusqu’en 1983, il exerça les fonctions d’adjoint au maire pour l’enseignement public et la culture (1959) puis pour la section des pêches maritimes (1959), et de délégué aux Anciens combattants et victimes de guerre ; En 1962, il fut membre fondateur à Paris de l’association France-Cuba. Antoine Beille a reçu la croix de guerre avec palme en 1940 et la médaille militaire en 1949. Son action résistante lui a valu, outre la Médaille des Justes, en 1983, la croix de guerre avec étoile d’argent au titre de la résistance. Il est devenu chevalier de la Légion d’Honneur en 1983. SOURCES : A.D.Hérault (séries M et W). — Le Travailleur du Languedoc et son supplément La Voix des pêcheurs de 1958 à 1960. — Entretiens avec Antoine Beille les 18 août et 25 novembre 1998. — Archives privées d’Antoine Beille. — Lucien Lazare, Le Livre des Justes, éd. J.C.Lattès, Paris, 1993. — ICONOGRAPHIE : Base iconographique du DBMOF, scan 568. Hélène Chaubin
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